Ce mois-ci, trois thèmes sans aucun lien, si ce n’est qu’ils me tiennent à cœur en même temps : piochez ce qui vous intéresse là-dedans ! 😊
Pour commencer, un tour rapide de mes actualités d’autrice.
Ensuite, je vous montre les différences entre le conte « Cendrillon » des frères Grimm et celui de Perrault (et pourquoi je préfère de loin le premier !)
Pour finir, vu la polémique actuelle sur les romans de Roald Dahl, on aborde le sujet brûlant de la réécriture.
Joyeuse lecture !
Mes actualités d’autrice
Retour sur mon tout premier Salon du livre
Dimanche 12 février, j’étais au Salon « Au cœur du livre et de la BD » à Uckange avec mon roman fantastique Le Manoir de Malencontre.
C’était un gros salon avec environ quatre-vingts auteurs et illustrateurs et pas mal d’animations sur le thème Harry Potter. Malheureusement pour nous (les auteurs), les visiteurs venaient davantage pour les animations que pour les livres. Donc sur le plan commercial, ce fut un flop total — même si je m’y attendais en tant qu’autrice débutante, inconnue et inexpérimentée des salons !
Malgré tout, j’ai passé une super journée. J’ai découvert et appris plein de choses qui me serviront pour la suite (parce que, oui, j’espère bien retourner dans des salons !).
Et puis surtout, j’ai fait la connaissance d’Isaac de Mont, mon collègue de chez GLP qui présentait son thriller Disloqué. J’ai beaucoup apprécié l’être humain, ainsi que son roman que j’ai acheté à cette occasion (dédicacé, of course ! 😉) et dévoré dans les jours qui suivaient. Si vous aimez les ambiances sombres, glauques, envoûtantes, Disloqué vous fera délicieusement frissonner.
En abyme en bêta-lecture
Le manuscrit est parti en bêta-lecture mi-février. Je n’ai que peu de retours pour le moment, patience… Même si je commence déjà à trépigner ! 😉 Je brûle de m’y replonger pour les dernières finitions avant soumission.
Le Challenge Magazine no3 est sorti
J’ai reçu mes exemplaires et découvert avec grand plaisir les nouvelles des autres lauréats. J’avoue que j’ai aussi apprécié de renouer avec les miennes dans cette version imprimée, c’est tout de suite plus officiel. 😊
N’hésitez pas à vous procurer ce petit magazine qui récapitule en outre toutes les infos de la maison d’édition et annonce les publications à venir cette année. Un beau programme en perspective !
Les Contes de Grimm vs les Contes de Perrault
Ah bon, il y a une différence, me direz-vous ? C’est vrai que pour beaucoup de lecteurs, un conte de fées, c’est un conte de fées, point. Mais en vrai, pas du tout.
C’est un sujet qui me tient à cœur, ce n’est pas pour rien que j’ai écrit sur l’après (ou l’envers) des contes de fées.
Au hasard (et pas du tout parce que c’est le point de départ du Manoir de Malencontre, hein ! 😉) prenons donc « Cendrillon ». L’histoire de base reste la même : la jeune fille orpheline est maltraitée par sa marâtre et les filles de cette dernière, elle rencontre le prince au bal, perd son soulier qui permet de l’identifier comme la « vraie fiancée ».
Maintenant, venons-en aux différences, c’est là que ça devient passionnant :
Cendrillon de Grimm :
- pas de citrouille changée en carrosse, la marraine-fée se contente de vêtir Cendrillon
- lors de l’essayage du soulier, les deux méchantes sœurs se mutilent carrément, se coupant l’une un orteil, l’autre le talon — c’est le sang sur le soulier qui les trahit
- à la fin, les pigeons du jardin crèvent les yeux des deux sœurs.
- pas de moralité explicite, c’est au lecteur de décider.
Cendrillon de Perrault :
- la baguette magique de la marraine-fée transforme la citrouille et les animaux en attelage, mais seulement jusqu’à minuit
- pas une goutte de sang n’est versée, les méchantes sœurs échouent juste à enfiler le soulier
- à la fin, les sœurs se repentissent, Cendrillon leur pardonne et leur trouve même des maris à la Cour
- le conte se termine sur une moralité en vers.
Bref, la version de Perrault est beaucoup plus sage, très didactique avec sa morale, mais beaucoup moins cathartique à mon sens. Un peu trop politiquement correcte. Le monde est cruel et je considère que les contes ont le devoir de raconter cette cruauté. C’est pourquoi je continue de ne jurer que par les frères Grimm — et que ce sont eux qui m’ont inspirée pour mon roman !
Doit-on réécrire des livres devenus offensants ?
La controverse Roald Dahl
Vous en avez sans doute entendu parler, l’éditeur britannique de Roald Dahl prévoit de publier des versions modifiées de ses romans jeunesse, sous prétexte que l’auteur emploie des termes et expressions qui peuvent aujourd’hui heurter certaines sensibilités.
En France, Gallimard décide de ne rien changer et de conserver les traductions des textes originaux. Je ne vais pas rentrer en détail dans la polémique, vous trouverez plein d’articles passionnants dessus.
Mais cette histoire soulève la question de la protection d’une œuvre et de la liberté d’expression. Il me semble dangereux de modifier le passé, c’est comme le révisionnisme en histoire. Même si l’auteur n’est pas tout net dans ses convictions, même s’il utilise des termes qui sont devenus offensants… Il reste que son œuvre est ancrée dans une période, dans un contexte historique, géographique, politique et social. On peut critiquer, désapprouver, voire condamner. Mais le texte a pourtant été écrit et publié tel quel à son époque. Le réécrire revient tout simplement à nier la réalité.
Alors que chercher à comprendre ce qui a évolué dans nos mentalités et pourquoi aujourd’hui certains passages sont devenus dérangeants est justement tellement instructif !
La littérature est un outil pour mieux comprendre le monde. Mais elle ne peut le faire que si on la préserve.
Le cas de Huckleberry Finn
Quand je préparais l’agrégation, le programme incluait The Adventures of Huckleberry Finn de Mark Twain. Ce roman date de 1884, mais l’action se situe cinquante ans plus tôt, avant l’abolition de l’esclavage aux États-Unis. Dans le texte, le jeune narrateur Huck utilise tout le temps le terme « nigger » pour faire référence aux noirs et en particulier à son compagnon d’aventures, Jim. Déjà à l’époque où Mark Twain écrivait son roman, le terme « nigger » était considéré comme offensant. Aujourd’hui, plus personne n’oserait l’employer. Mais Mark Twain fait répéter ce mot à son narrateur de façon délibérée, pour montrer que son personnage est façonné par la pensée dominante. Changer le texte ferait perdre toute l’ironie et la dimension de critique sociale du roman.
Bref, vous l’aurez sans doute compris, je ne suis pas très adepte du politiquement correct. Les mots sont certes des armes tranchantes. Mais plutôt que de vouloir les émousser, apprenons à nous en servir avec sincérité — et à les recevoir avec un recul critique !
En tout cas, pour ma part, je vais garder précieusement mes vieilles éditions des romans de Roald Dahl. 😉
Vous êtes d’accord, pas d’accord, vous avez d’autres arguments sur ces sujets ? N’hésitez pas à intervenir en commentaire !
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