Pourquoi il faut lire Terry Pratchett
Pourquoi il faut lire Terry Pratchett

Pourquoi il faut lire Terry Pratchett

Je vous ai déjà dit que je suis fan de Terry Pratchett ? Probablement. 😝

Ça fait longtemps que je veux écrire un article en hommage à cet écrivain que je vénère totalement. Je m’y attelle enfin !

Parce que malheureusement, cet auteur de fantasy hyper célèbre dans les pays anglophones (il a même été anobli par feu la reine Elizabeth II en 2008) reste peu connu en France. Du coup, peut-être que vous n’avez rien lu de lui.

Si c’est le cas, un véritable trésor vous attend ! Mon objectif aujourd’hui : vous convaincre d’aller explorer son univers à la fois déjanté et satirique.

Comment j’ai réussi à ne PAS faire apprécier mon auteur préféré

Je dois vous faire une confidence. Je suis assez nulle pour vanter les mérites des choses et des gens que j’aime. (Si vous me connaissez, vous le savez déjà.) Alors quand j’ai voulu faire découvrir Terry Pratchett à d’autres lecteurs, je n’ai pas toujours été très douée…

J’ai découvert Terry Pratchett en 1998 en lisant en anglais Reaper Man, le onzième livre des annales Discworld. Je suis tombée littéralement amoureuse du style et de l’univers. J’ai ensuite dévoré d’autres romans de la série, sans suivre l’ordre chronologique de publication (chaque histoire étant indépendante).

Bref, pour revenir à mon anecdote : au début des années 2000, mon beau-frère me demande des conseils pour lire en anglais. Je le lance sans hésiter sur le premier roman de la série Discworld : The Colour of Magic, persuadée qu’il va se régaler autant que moi.

Quelques jours plus tard, il m’appelle, un peu énervé.

— J’ai commencé ton bouquin en anglais. Je n’ai rien compris. Je me suis dit que c’était peut-être à cause de l’anglais, alors je l’ai emprunté en français à la bibliothèque. Je n’ai rien compris non plus.

Là-dessus, il me lit en direct le début du prologue. Je ne l’ai pas en VF sous la main, mais pour ceux qui lisent en anglais, voici ce que ça donne en VO (sinon, passez à la suite, hein 😉) :

In a distant and second-hand set of dimensions, in an astral plane that was never meant to fly, the curling star-mists waver and part… See… Great A’Tuin the Turtle comes, swimming slowly through the interstellar gulf, hydrogen frost on his ponderous limbs, his huge and ancient shell pocked with meteor craters. Through sea-sized eyes that are crusted with rheum and asteroid dust He stares fixedly at the Destination. In a brain bigger than a city, with geological slowness, He thinks only of the Weight. Most of the weight is of course accounted for by Berilia, Tubul, Great T’Phon and Jerakeen, the four giant elephants upon whose broad and star-tanned shoulders the disc of the world rests, garlanded by the long waterfalls at its vast circumference and domed by the baby-blue vault of Heaven. Astropsychology has been, as yet, unable to establish what they think about.

Bon. Voilà. Même si vous lisez l’anglais couramment, j’avoue que ça peut laisser perplexe. C’est pourtant une première description magistrale et juste sublime du disque-monde qui servira de cadre à plusieurs dizaines de récits.

Mais ce n’est sans doute pas l’accès le plus facile à son univers.

En tout cas, depuis ce jour-là, je ne conseille plus jamais de commencer la série par les deux premiers livres (The Colour of Magic, The Light Fantastic). Ils sont passionnants une fois que vous avez accroché à l’univers et surtout, au style très particulier de Sir Terry.

Oui, parce qu’il faut en parler, de ce style ! 😉

Le style inimitable de Terry Pratchett

Humour et digressions

Sir Terry écrit dans un style très décousu, avec des digressions dignes des écrivains du XVIIIe siècle : à la façon de Laurence Sterne (The Life and Opinions of Tristram Shandy, 1767) ou de Diderot (Jacques le Fataliste et son Maître, 1796). Pour ma part, je suis fan, mais, en effet, ça demande une certaine concentration. Ce sont des lectures un tantinet exigeantes, mais tellement originales, enthousiasmantes et surtout, pleines d’humour !

Parce que oui, la première caractéristique des romans de Sir Terry, c’est l’humour. Un humour très anglais, absurde, potache, dans la lignée des Monty Pythons (un autre pilier de ma culture !)

Lorsqu’il écrivait Good Omens (De bons présages en français) à quatre mains avec Neil Gaiman, ce dernier raconte que leur motivation première était de se faire rire l’un l’autre au fur et à mesure des chapitres qu’ils s’échangeaient.

Logique scientifique

L’auteur prend un malin plaisir à récupérer des mythes, des superstitions, des croyances populaires, et à leur donner vie littéralement dans son univers.

Pour cela, il leur inflige une logique scientifique implacable. Parce qu’un autre trait de cet auteur, c’est sa passion pour les sciences — entre autres, l’astrophysique et la physique quantique.

Par exemple, son univers est un disque-monde, soit une planète plate. OK, mais alors, concrètement, sur les plans astronomique et géographique, comment ça fonctionne ? Que se passe-t-il quand on arrive au bord ? Ce genre de questions est abordé, entre autres, dans les premiers tomes.

Dans les romans suivants, Terry Pratchett s’est inspiré de tout un tas de mythes et légendes (le père Noël, la mort, les sorcières, les vampires…) et les a détournés à sa façon. Le roman qui m’a tant emballée, Reaper Man, part du principe que la Mort (le Faucheur) décide un beau jour de se mettre en grève pour prendre des vacances bien méritées. La suite est à la fois délirante et totalement logique.

Satire sociale

Enfin, la dernière des qualités que je tiens à mentionner aujourd’hui (il faut quand même que je limite la longueur de cet article 😉), c’est la prise de position militante de l’auteur. Beaucoup de lecteurs considèrent la fantasy comme une distraction légère à base de dragons et de magiciens.

Mais Terry Pratchett, comme tous les grands écrivains de fantasy, nous prouve au contraire que ce genre permet d’aborder des questions brûlantes avec une nouvelle perspective.

Dans les annales de Discworld, il est question de tolérance, d’égalité des sexes, de racisme, d’esclavage, de religion, de politique, de guerre… Mais ces sujets épineux sont transposés dans un autre univers que le nôtre et sous une forme parodique, ce qui nous amène à les considérer avec un regard différent.

Conclusion

Terry Pratchett est mort en 2015 et son oeuvre ne grandira donc plus. 😢 Mais il y a dejà de quoi faire : il a écrit environ 70 livres au total, dont une quarantaine en lien avec Discworld.

À ce jour, j’en ai lu je crois un peu plus de la moitié, mais je n’ai pas fini l’aventure !

Ma lecture du moment : Interesting Times, inspiré par l’empire du Levant, sur le thème du cycle révolution-tyrannie. C’est hilarant et en même temps, ça pousse à réfléchir (quand on se dit que l’équivalent se déroule de façon récurrente sur notre Terre 😨).

Et vous, est-ce que vous avez déjà lu du Terry Pratchett ? Si oui, lequel ou lesquels, et qu’en avez-vous pensé ?

2 commentaires

    1. Dans ceux qui pourraient te plaire : La huitième fille (sur l’égalité des sexes via une histoire de sorcières) ; Le Guet des Orfèvres (sur un commissariat de police TRÈS spécial et les préjugés en général) ; ou encore Les Petits Dieux (sur les religions, mais avec une perspective très originale)…
      Tiens-moi au courant si tu te lances ! 🙂

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